Ficher Technique
Drama dont la première saison a été diffusée en 2006 sur HBO. Elle compte 12 épisodes d’environ 50 minutes.
Synopsis
Bill est un chef d’entreprise vivant dans le Utah et très discret sur sa vie privée. Et pour cause, il a trois femmes et des enfants avec chacune d’elles et vit suivant le Principe (i.e. principe de vie édicté par le prophète de cette « secte » catholique. En pratique, les 3 femmes se reconnaissent comme « sister wife », chacune a sa maison mais lesdites maisons communiquent par le jardin commun et les repas et taches ménagères sont partagées).
Bill a pourtant quitté le « compound » de son enfance où sévit Roman Grant, le prophète de cette communauté de fondamentaliste Mormons pratiquant la polygamie, et où demeurent encore ses père, mère et frère.
La série présente la vie quotidienne de cette famille atypique ainsi que les différents financiers de Bill avec Roman.
Toutes les femmes acceptent leur sort non sans difficulté mais en pleine conscience et sans réserve.
Critique
C’est juste incroyable de se passionner à ce point pour une pratique ancestrale et tellement marginale dans les Etats-Unis d’aujourd’hui. Les décisions de réalisation voulus par les auteurs fonctionnent à 100%, il n’apparaît pas de parti pris évident, l’histoire est racontée d’un ton le plus neutre possible, un peu comme un documentaire, les acteurs ont trouvé le ton juste qui sied à leur personnage et justement chaque personnage, bien campé dans son rôle apporte un ressort essentiel à l’intrigue (Barb en « première femme », pilier de la famille, sage et responsable, Nicki déchirée entre son égoïsme, sa parenté (elle est la fille de Roman Grant) et son profond et sincère attachement à sa famille, et Margene, la petite dernière, naïve, pleine de vie et de spontanéité).
Le premier intérêt de cette série est ce travail documentaire parfaitement maîtrisé. Elle réussit aussi à nous prendre et à nous immerger dans ce monde tout à la fois si différent et si proche du notre.
Mais surtout, au travers de situations extrêmes, rendues possibles par la polygamie, on est au coeur de notre époque et des sujets universels :
Le personnage de Bill est ancré dans la modernité, il doit concilier ambition professionnelle, satisfaction des besoins matériels de sa famille, principes moraux (religieux) et vie familiale et son équilibre est particulièrement difficile à trouver.
Les relations humaines qui se jouent et se nouent au fil des épisodes sont elles intemporelles et peuvent s’appliquer à bien d’autres situations car elles sont juste humaines : gestion de la jalousie, positionnement, pouvoir et tension dans la vie familiale, transmission de ses principes à ses enfants, tension au sein du (des) couple(s) sur les principes à transmettre à ses enfants, difficulté pour une femme à concilier épanouissement personnel (via la vie professionnel par exemple) et son rôle de mère, etc.
Et peut-être qu’une série américaine traitant de la polygamie nous parle mieux de certains de ces sujets que la littérature française du 18eme siècle. Pour le passionné de littérature que je suis, c’est proprement stupéfiant.
Spoiler
A lister comme cela les thèmes évoqués font bateau : prise de Viagra pour satisfaire 3 femmes, problème d’argent de Nicki qui multiplie des cartes revolving sans moyen de les rembourser, volonté de Barb d’attribuer plus de place à sa vie professionnelle, quand la soeur de Barb tente de « protéger » ses enfants contre les principes de leur parents, l’attraction du fils aîné pour sa troisième mère, presque aussi jeune que lui, etc.
Pourtant je me suis passionné pour tous, car ils sont tous bien traités, bien joués, bien filmés.
Il n’y a que les relations entre le père et la mère de Bill qui m’ont un peu ennuyé. Trop dans l’outrance, je trouve que cela sonne faux dans ce monde si feutré.
Mon passage préféré ? Quand Bill et Barb se voient pour s’aimer « en cachette » (sans que les deux autres femmes ne le sachent) mais que Nicki le découvre, c’est exquis.
Enfin le final de la saison laisse voir une évolution dans le personnage de Barb. (Jusqu’à présent, seuls les enfants avaient évolué).
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